30/12/2008

Je leur souhaite de s'étouffer avec leur dinde aux marrons

Noël, ah noël, noël, noël...

Bon voilà, on l'a assez dit, ca l'était, ca ne l'est plus (reste trace, peut-être, d'indigestion ou de gastro) et ne le sera pas à nouveau avant approximativement 359 jours.

Ah la Saint-Sylvestre, le 31 décembre, dernier jour de l'An ou premier de l'année, à choix; cette fameuse nuit fatidique où tout change: secondes, minutes, heures, jours, années, ... Tout change, sauf ceux qui décident de prendre de bonnes résolutions: c'est bien connu, on ne s'y tient pas.

Parce que moi, je suis un battant, je ne baisse pas les bras face à l'année à venir, je prends chaque année une bonne résolution à laquelle je me tiens coûte que coûte, sans faillir: celle de ne pas en prendre.

Facile, me direz-vous. Eh ben non! Il en faut de la bonne volonté pour continuer à fumer/manger gras/se ronger les ongles/oublier de se brosser les dents/être paresseux/ ...

Soit, respectez-moi, vénérez-moi à l'égal d'un dieu: je reste fidèle à moi-même pour votre plus grand plaisir!

Et, sincérement, ceux qui prennent de bonnes résolutions pour la nouvelle année, vous êtes des faibles: utiliser une notion de calcul de temps abstraite pour vous motiver et valider vos décisions de bons petits soldats, donc légitimer votre auto-rappel à l'ordre de rentrer dans le rang par un fait symbolique, à moi, ca me fait penser à une aliénation de masse, à un nivellement par le bas.

Libre à vous.

Mais restez libres penseurs.

23/11/2008

ICF


Ou alors l' Incomparable Connerie Fondamentale


Délivre-toi de tes chaînes! Même si tu es un imbécile, ce n'est pas une raison de se tourner vers une secte pour chercher un soutien.


Pense par toi-même d'abord, jeune padawan.


Et surtout, je rêve...


...d'une Phèdre en Liberté guidant le peuple, sauf qu'au lieu du drapeau sanglant, ce serait un étendard noir qui flotterait au-dessus des têtes de Gavroches crevant de faim dans un monde inadapté parce que trop libéral. Phèdre, qui, poitrine dévoilée, porte l'espoir en son sein d'un monde meilleur. Phèdre qui, par son suicide, montre l'exemple moral et politique à suivre si l'on ne veut pas crever étouffé par d'absurdes regrets, par d'occultes inepties, une Phèdre qui éclairerait le ciel (pour le grand malheur de Villiers de l'Isle-Adam), traçant grâce à l'Epée de la Justice ces mots: Ni Dieu Ni Maître ! Phèdre enfin qui, dans son dernier soupir me confierait son Amour à la Liberté, me chargerait, moi, comme elle en a chargée d'autres, Léo Ferre, Proudhon, Bakounine ou encore Kropotkine, de préserver ce droit inaliènable à la Liberté, que l'on soit barbu ou non.


13/11/2008

Indubstrial

Planer
Survoler
Effleurer
Libérer
Voguer
Tripper
Tanguer
Voler
Délirer
Caresser
Le
DUB
mène à tout

12/11/2008

"L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les gens sensés pleins de doutes." (Bertrand Russell)

Il n'y a pas grand chose d'autre à dire.

Ah si, peut-être que je regarde un magnifique coucher de soleil, coincé en salle informatique, et je dois bien être le seul à avoir remarqué le sublime degradé de couleurs chaudes qui pastelle le ciel et fait l'âme lyrique à qui sait où et comment regarder le monde.

Nuages, palettes de la Nature, je vogue parmi vous depuis deux décennies, et n'ai toujours aucune envie de redescendre dans les basses fosses.

Aveuglement ou cécité? Dans un cas mais pas dans l'autre, on a le choix, profitons-on.

06/11/2008

Desproges, Prévert, moi & les autres en vrac

L'innocent regarde l'enfer et n'y voit que du feu.

C'est grâce au test de la croix que l'on sait que Jésus était astygmate.

La porte est ouverte, ou bleue.

Le cintre est un loup pour l'homme.

Tu m'as fait penser à toi.

Autant chasser Moby Dick à l'abricot.

04/11/2008

An historic 4th November

En lisant ce qui suit, je me suis pris à douter de mon "soutien" à la minorité visible montante étasunienne:

- "Alors, McCain ou Obama?
- McCain. Parce qu’Obama ne durera pas un an. Il sera assassiné par une bande de racistes. Il pourrait peut-être survivre dans l’est et l’ouest mais ni au nord ni au sud.
- Donc, vous préférez Obama?
- Je voterais pour lui si je savais qu’il allait vivre. Mais je vais voter pour le vieux. Remarquez, dans un an, il sera mort lui aussi. D’une crise cardiaque. Et c’est génial parce que nous allons avoir une femme président."

Fort heureusement, la suite fit défaillir ce léger doute induit par l'américaine type du Nevada:

"Sarah Palin, elle est formidable. C’est elle qu’il nous faut. Et j’vais quand même pas voter pour un nègre. Hein, les gars, on ne va pas voter pour un nègre!"

Ouf, me voilà réconcilié avec ma vision des valeurs profondes de l'Amérique WASP.

Tout ca, au final, c'est blanc bonnet et bonnet blanc, non?

12/10/2008

Le Duc de l'Omelette n'aurait pas émis de réserve à prendre la place du Diable

Un dimanche après-midi dans les nuages:

En bande-son Meddle, fantasmagorie symphonique et transcendante,
Dans mon corps, des molécules de THC concentrées,
Entre mes mains, Pawana de Le Clézio,
Ne pariez jamais votre tête au Diable, du génialissime E. A. Poe
Et dans la tête une ritournelle qui est une personnification
Et qui me trotte, et qui me taquine, et qui me rend fou.

C'était un grand voyage, bien que je n'aie bougé de mon lit.

Doucement, je suis revenu à la réalité, et j'ai trouvé ma couche bien grande.

Heureusement, j'ai rêvé.

29/09/2008

Sex'n'Drug'n'Alcool'n'Choucroute

Les habituelles traditions (pléonasme vaseux) ne changent pas: au stand des Rois, je gagne systématiquement tout ce qu'il y a à gagner.

Découvert la Kaastel Rouge, une bonne gueuze. Elle est... rouge.

Bref.

Les Falsificateurs, Antoine Bello

"Roman vertigineux et paranoïaque qui convoque les obsessions de Borgès, Dick et Le Carré, ce thriller mêle la réflexion sur l'information, et le représentation du monde, à celle sur le fantasme de l'écrivain démiurge transformant le monde par la magie des mots et de la littérature."

Imaginez que tout soit écrit. Je ne parle pas de la SF théologique, non, mais que tout soit écrit par nos contemporains, par une organisation secrète au but si mystérieux qu'il semble inavouable, le CFR (Consortium de Falsification du Réel). La relecture de plus de 4000 ans d'histoire s'impose donc: êtes-vous sûr que les évenements qui ont façonnés l'humanité pour engendrer notre société actuelle sont bien le reflet du libre arbitre de l'homme? Et si on se foutait de notre gueule depuis des siècles?

Déja qu'un livre normal nous entraîne hors de la réalité, celui-ci nous dit non seulement de ne pas faire confiance à cette même réalité, mais nous rend également attentif à ne rien prendre pour acquis -pas même le théorie exposée au fil des lignes.

Résultat: le lecteur est perdu. C'est une véritable fabrique à paranoïa, schyzophrènes et limitrophes s'abstenir.

Heureusement que je suis omniscient, que je connais la Vérité.

P.S: si cela se trouve, ce blog n'est qu'une source de référence pour valider, et donc falsifier, une donnée de la réalité que le CFR souhaite voir devenir la réalité, ou alors je peux m'attendre, après la divulgation de ce secret, à la visite d'une équipe des Opérations spéciales, et alors... Oh, attendez une minute, on sonne à la porte...

...

24/09/2008

NO COMMENT

Un corps de femme,
De jeune fille en sueur

Dit-on elle était en nage ou
Etait-elle en âge?

Le bras tatoué de deux
Logos recyclable,
D'un anti-pollution ainsi que d'un
Agréement Officiel

Un code-barre
Un chiffre.

La roue tourne
Cette trame de fer
Que personne n'a jamais vu
Que personne jamais ne verra
Que d'autres appellent
L'Univers


Univers
Dans lequel
Cette jeune fille en sueur
En pleurs
Craint l'invisible,
L'indicible
Qui nous environne.

Toi, moi, spectateurs
Nous assistons impuissants à sa détresse
Nous disant: nous ne savons pas
Ce que ses yeux fuient tout en fixant
Comme Oedipe
Mais Maman
N'est plus là.

Il n'y a plus personne,
Il n'y a plus rien
Que nous
Et notre nombrilisme
Seul(s) au monde.

Nous nous en mordons les doigts
Nous nous échappons de cette réalité
Que l'on cautionne
Mais n'approuvons pas.

Dites-moi où est l'erreur?
Il n'y en a pas,
Ils nous disent qu'il n'y en a plus
Et qu'à l'avenir
(Si avenir il y a)
Le Meilleur des Mondes
Sera accessible à tous
Comme à toutes

Avec des exceptions, parce que, bien sûr...

Et je me retournerai dans ma tombe,
Car j'espère avoir crevé avant d'avoir vu ca.

14/09/2008

Le Philosophe facétieux - Georges Picard - José Corti

"[...] la philosophie ne sert à rien sauf à respirer profondément, à s'oxygéner les idées en s'aventurant dans l'Insoluble et l'Indéterminable. Pour ma part, j'ai toujours été sensible aux causes désespérées, et s'il en est une dans l'ordre intellectuel, c'est bien la philosophie."

"La Vie, ah, la Vie, nous en avions plein la bouche."

"Je me souvins que, travaillant dans les bureaux pour me faire de l'argent de poche à l'époque où j'étais étudiant, j'attendais avec impatience la pause du déjeuner pour aller lire Shakespeare ou Schopenhauer dans le square de l'église de la Trinité dans le IXe arrondissement de Paris, en mordant dans un sandwich aux rillettes. C'était une époque où j'aimais beaucoup les rillettes et encore plus Shakespeare et Schopenhauer. Je suis resté fidèle à ces deux derniers. Ce qui me plaisait alors, c'était le décalage entre ma vie sociale et ma vie intérieur, l'impression d'observer la première par la hublot de la seconde comme un sous-marinier jouissant depuis les profondeurs du spectacle de la surface."

"Il est quand même piquant de voir tant d'hommes de cabinet, à peine capables de fonder ou diriger une famille, maladroits dans tous les usages de la vie pratique, nuls en économie et approximatifs dans les sciences, oser jeter dans le domaines public des projets d'organisation sociale! Je parle ici d'une bonne partie des philosophes, des origines à nos jours ou presque, la manie d'établir des législations universelles s'étant quelque peu calmée depuis que chaque citoyen s'estime aussi bien placé que quiconque (on est en démocratie) pour diriger un Etat. Le plus puissant du monde a bien eu un mauvais acteur de série B et un ou deux imbéciles heureux à sa tête! Même le body-building n'est pas antagoniste avec la fonction de gouverneur de Californie. Alors, un philosophe!"

Siffler sur la colline d'Epalinge

" Trouvez l'harmonie en chaque feuille ou brin d'herbe, répondez aux oiseaux, guidez vos pas face au vent et fredonnez, fredonnez sans cesse! Soyez un hymne permanent ! "

Val'Sambre d'après ...

10/09/2008

Clawdia Chauchat & Hans Castorp

Comme toutes, elle a ce qu'il faut, ce qu'il se doit comme
Une bouche, un nez
Et surtout des yeux.

Mais elle a surtout quelque chose en plus,
Ce qui fait tout.

11/08/2008

Un dimanche d'août, les pieds dans le sable, au bord du fleuve...

"Qu'est notre insomnie, sinon l'obstination maniaque de notre intelligence à manufacturer des pensées, des suites de raisonnements, des syllogismes et des définitions bien à elle, son refus d'abdiquer en faveur de la divine stupidité des yeux clos ou de la sage folie des songes? L'homme qui ne dort pas, et je n'ai depuis quelques mois que trop d'occasions de le constater sur moi-même, se refuse plus ou moins consciemment à faire confiance au flot des choses."

"Mais l'esprit humain répugne à s'accepter des mains du hasard, à n'être que le produit passager de chances auxquelles aucun dieu ne préside, surtout pas lui-même. Une partie de chaque vie, et même de chaque vie fort peu digne de regard, se passe à rechercher les raisons d'être, les points de départ, les sources. C'est mon impuissance à les découvrir qui me fit parfois pencher vers les explications magiques, chercher dans les délires de l'occulte ce que le sens commun ne me donnait pas. Quand tous les calculs compliqués s'avèrent faux, quand les philosophes eux-mêmes n'ont plus rien à nous dire, il est excusable de se tourner vers le babillage fortuit des oiseaux, ou vers le lointain contrepoids des astres."

Marguerite Yourcenar - Mémoires d'Hadrien

10/08/2008

Why am I ...

LECTURE OBLIGATOIRE…

Pour tout libraire qui ressent un soupçon de déprime ou qu’effleure la question: A quoi bon ? ...

Pour l’immense plaisir et reconnaissance d’être considéré comme les dignes successeurs de Diogène le Cynique…



Portrait du libraire en chien
Par Jean-Marc Levent, docteur en philosophie à l’université de Paris VIII.
Extrait de la revue « Lignes 20 » mai 2006



Dans sa lettre historique et politique adressée à un magistrat sur le commerce de la librairie (1763) Diderot définit un fond de librairie comme « La possession d’un nombre plus ou moins considérable de livres propres à différents états de la société, et assorti de manière que la vente sûre mais lente des uns, compensée avec avantage par la lente aussi sûre mais plu rapide des autres, favorise l’accroissement de la première possession ».

Parmi les vingt mille points de vente de livres en France, nous nous contenterons de considérer comme librairies ceux qui possèdent un fonds, dont une partie importante des titres ont été publiés il y a plus d’un an, soit environ trois cents magasins.

Les évolutions techniques précèdent les révolutions anthropologiques et culturelles. La réforme en est sans doute la meilleure illustration : sans l’imprimerie, pas de protestantisme. Cette remarque s’applique également à la lettre de Diderot adressée à Malesherbes. Elle préfigure les trois textes de Kant, De l’illégitimité de la reproduction des livres (1785), Qu’est-ce qu’un livre ?(1796), Sur la fabrication des livres (1798) qui préconisent de dépasser l’ancien système du « privilège » par la construction du concept de droit d’auteur : ainsi que celui de Fichte, preuve de l’illégitimité de la reproduction des livres un raisonnement et une parabole ( 1791) sur la nécessité de règlement par les privilèges royaux le droit d’impression, de reproduction et la protection du droit moral des auteurs contre la propagation des contrefaçons et des éditions clandestines. Ces plaidoyers, à l’horizon desquels se profile la notion de « propriété littéraire et artistique » sont l’aboutissement de la fracture intervenue dans la première moitié du XVIII siècle dans le métier d’imprimeur-libraire qui va donner naissance à la figure de l’éditeur et contribuer à la diffusion accélérée du savoir.les deux siècles qui suivent voient la transformation des techniques de fabrication ( le passage du plomb à la photogravure, l’héliogravure, l’offset, la photocomposition et la PAO) ; des procédés d’impression ( presse rotative, Cameron) : et des canaux de distribution du livre ( librairies, maisons de presse, grandes et moyennes surfaces, enseignes culturelles et ente par correspondance ). Si l’on en croit les experts en nouvelles technologies la prochaine révolution à venir d’ici 2015 sera numérique : augmentation des ventes en ligne sur les sites spécialisés (webrairies), numérisation des ouvrages sur la Toile, développement du téléchargement du contenu éditorial, réapparition du livre électronique (e-book) à un tarif plus compétitif et d’une utilisation plus maniable, technologie de l’encre électronique (e-ink), suppression du papier au profit de la feuille de plastique souple. Programmée, la mort du livre sous sa forme actuelle au profit du tout-écran semble imminente, mais on a trop de fois prédit sa disparition pour y croire totalement. Cependant ces initiatives fragilisent et appauvrissent non seulement la librairie mais également les écrivains de demain pour lesquels les libraires jouent un rôle essentiel et déterminant.

Au IV siècle avant JC, Diogène le Cynique se définissait comme un chien, aboyant après la population athénienne pour la soustraire à la léthargie des habitudes et des conventions. Derrière son ironie subversive et sa volonté de choquer se dissimulait la volonté de faire tomber l’hypocrisie et le mensonge de la vie quotidienne. La conscience claire, le regard acéré. Une lucidité impitoyable, toute attitude scandaleuse était pour lui propédeutique à la sagesse car « la vérité est amère et désagréable aux gens sans esprit, tandis que la fausseté leur est douce et agréable. C’est tout comme pour les malades : la lumière leur blesse les yeux, tandis qu’ils aiment les ténèbres qui les empêchent de voir et ne leur causent aucun trouble ». Aboyer et mordre, c’était résister, désigner la direction à suivre, montrer la voie qu’il faut emprunter, un chemin inverse à celui de la dépendance et de la soumission.

Dans le style du cynique, le libraire provoque par l’inactualité de sa fonction, sa liberté d’esprit et son raisonnement critique, qu’il oppose à l’uniformité du moment, à la vacuité de la mode et aux pratiques culturelles de masse. Sa librairie est un lieu ou s’exerce la réflexion, malgré l’obligation de neutralité, un lieu ou l’on apprend à penser la littérature, la politique, les sciences humaines et les arts : la lecture fonde l’agir sur le principe de l’être à soi-même et suppose un rapport conflictuel au réel. Si le scandale est constitutif du comportement cynique, il l’est plus que jamais du métier de libraire car il fustige la complaisance, la facilité, et rompt avec l’image de la culture gratuite et ludique que célèbre le discours politique dominant. La librairie est un espace de résistance contre cette mondialisation qui projette d’ériger l’homme nouveau – le dernier homme ? – en homo consummator mystique, utilisateur intégral du monde, jouissant de lui-même et de la matérialité comme l’état final de son évolution, heureux d’adhérer au consensus dormitif du renouvellement permanent du plaisir, et immergé dans le liquide amniotique d’un monde fictif et d’un présent sans lendemain qu’organisent les nouvelles technologies du virtuel.
Etre libraire aujourd’hui, ça n’est pas seulement faire du commerce, gérer au plus près son entreprise selon sa zone de chalandise et la demande de sa clientèle, c’est aussi combattre obstinément l’effet corrosif de l’inculture, résister à la confusion médiatique et à l’hyper volatilité de la geste consumériste, contester le zapping télévisuel appliqué à la pensée presse-bouton, lutter contre les nuisances du savoir pseudo-scientifique et dénoncer le prêt-penser- des doxocrates salariés, par cette arme pluriséculaire, nomade et résistante à tous les autodafés : le livre.


Un libraire, c’est celui qui, légitimé par la connaissance de son fonds, s’expose par ses lectures, défriche les nouveaux écrits, oriente dans la multiplicité des nouveaux titres dont la profusion nuit au mode de sélection, éclaire les lecteurs par son sens critique, suggère des choix et recommande des ouvrages grâce à la confiance que lui accordent ses clients et qu’il a su gagner au fil des rencontres et des échanges. Dire que le libraire est un relais entre l’auteur et ses lecteurs ou un maillon essentiel de « la chaine du livre » est un lieu commun. Le libraire est avant tout un passeur de textes, celui qui va les réceptionner, les découvrir - fréquemment -, les parcourir – régulièrement – et tenter de les conduire jusqu’à leurs lecteurs. Pour ceux-ci, faire le choix d’acheter un livre en librairie, c’est témoigner du conflit frontal entre deux temporalités : celle de l’urgence de la consommation et celle, arythmique et en retrait du monde, de la lecture.

Votée le 10 août 1981, la loi sur le prix unique du livre stipule que le livre n’est pas un produit comme les autres : « Par sa diversité (370 00 titres disponibles) et parce qu’il et un véhicule privilégié de la culture, le livre ne peut être considéré seulement comme un « produit ». Ce patrimoine écrit doit être partout à l la disposition du public ; c’est pourquoi il est indispensable qu’un réseau dense et diversifié de librairies soit maintenu et développé. La loi sur le prix unique du livre n’a pas d’autre but que d’y concourir, précise le législateur.
Vecteur exclusif de la circulation du savoir jusqu’au début des années quatre-vingt, le livre a vu son aura faiblir face à l’extension des nouveaux moyens de communication, de la multiplicité des supports d’information et l’acquisition par les ménages de matériel informatique et autres produits de la grande consommation : magnétoscope, lecteur DVD, caméra numérique et autre téléphone mobile qui, s’ils ne rivalisent nullement avec les livres, le concurrencent dans le temps qu’ils requièrent et l’investissement financier qu’ils nécessitent. Nombreuses sont les spécificités de l’économie du livre. L’une d’entre elles repose sur la coexistence des moyens industriels employés pour sa distribution (traitement des commandes et transport) et les méthodes artisanales de la diffusion (prise de commandes et réassort).
A moins de soutenir par des mesures efficaces et rapides un réseau dense de points de vente dont la qualité s’impose par la richesse de son fonds et la diversité de ses choix, on risque d’assister à la fossilisation de ces librairies dont l’existence est source de découvertes et d’échanges. D’où la nécessité de donner à ces libraires les moyens de réagir face à l’émergence de nouvelles formes de concurrence (points de vente standardisés) : ventes couplées de presse ou de carburant avec des encyclopédies, des beaux livres ou de la bande dessinée ; revente à vil prix des services de presse : développement accéléré de la vente en ligne au profit des « librairies » virtuelles : rétrocession de 8% du chiffre d’affaires réalisés avec les bibliothèques au titre du droit d’auteur… N’obligeons pas certains de ces libraires, dont la superficie ne peut rivaliser avec celles des chaines, à se réfugier, comme unique alternative, dans la spécialisation ou la vente de produits culturels périphériques. Si la diversification des réseaux de commercialisation du livre a entrainé depuis trente ans un amoindrissement de la visibilité du métier de libraire, l’absence, malgré le développement des chaines hertziennes et câblées, d’une émission aussi prescriptrice qu’apostrophes, conjuguée à l’affaissement du niveau de la critique littéraire, a contribué à renforcer le pouvoir et l’image des libraires. Cependant, les conditions d’exercice de leur métier ne s’en trouvent pas pour autant confortées car la politique de fixation unilatérale des remises par les distributeurs a pour conséquence de ne laisser aux libraires comme seule perspective pour améliorer leur rentabilité, de réduire les charges en limitant la masse salariale et les frais financiers liés aux immobilisations de stock. Ces mesures impliquent une baisse du volume et de la diversité de l’offre et provoquent inéluctablement une standardisation de l’assortiment proposé à la clientèle. Plutôt qu’une crise, l’économie du livre semble affronter depuis vingt-cinq ans une mutation structurelle à laquelle s’est ajouté le ralentissement de la croissance des pays européens. Si la loi sur le prix unique a contribué à renforcer et protéger la diversité d’un réseau de librairies de qualité et son renouvellement, le moment semble venu d’amender la loi Lang en vue d’un renforcement des moyens d’accompagnement et de préservation de ce réseau de librairies unique en Europe dont l’existence garantit la liberté de création des éditeurs, la production, la circulation et l’appropriation des savoirs dans la relation unique et spécifique qui unit le lecteur à son libraire.

De Boudu sauvé des eaux au Cou de la girafe en passant par l’Amour en fuite, L’Histoire d’Adèle H, Rien sur Robert ou Conte d’automne, le cinéma français n’est pas avare de figures masculines ou féminines, vendeurs de livres neufs ou d’occasion dont la librairie est un lieu d’accueil et de convivialité.
Le septième art nous a montré sa capacité à recréer les temps bibliques, à suggérer les conditions d’extermination des peuples, à imaginer des attaques d’extra-terrestres à concevoir les pires désastres écologiques, à montrer la douleur des vaincus de l’histoire…

Mais qui saura un jour mettre en scène ce moment ineffable de la rencontre d’un lecteur satisfait avec son libraire quelque part dans l’inachevé ?

05/08/2008

Tout ce qu'on prend...

J'ai pris du bide.



J'ai le péché de gourmandise qui court des mon intestin grèle à la glotte. Je grignotte, je ronge, j'arrache, je croque.



J'ai pris des rides.



Physiquement, j'ai les articulations qui rouillent et la voix qui rauque, les bras ballants de molesse et du cuir sous les pieds, des jambes qui grincent, et pour (par)achever, le dos cassé.



J'ai pris du poids.



Heureusement, intraséquement, cela signifie que je mange. C'est un bon signe il me semble.



J'ai pris du muscle.



Renouer avec la route, en selle et tout en jambes pour des pointes de vitesse incroyables, sentir l'asphalte brûlant, l'odeur du gaz carbonique mais aussi de la forêt et des commerces, la sensation d'aller quelque part par soi-même, grâce à ses facultés.

J'ai pris un coup.

Comme chaque année, de soleil.

J'ai pris un sacré coup. De vieux, cette fois.

On ne se rend pas compte, mais le temps passe, et ce sont vos amis qui vous le démontrent en voletant de couple en couple, en engendrant, en se mariant en blanc, en disparaissant.

J'ai pris l'habitude.

De ne compter que sur moi-même, d'être seul, de me supporter. De l'odeur de mes pieds, de ma dépendance au tabac, du manque de sommeil pérpétuel. De ne pas tout croire, de ne pas tout prendre au mot. De réfléchir, de toujours penser, de lire plus souvent que de discuter. D'être misanthrope. De contempler un frigo désert, une armoire vide. De tout ranger après le passage de mon paternel, de rentrer bourré, d'oublier mes jambes, de confondre mes bras. D'être l'ami de tout le monde. D'être un soi-disant "rasta". D'être moi.


Et j'y peux rien. Et personne n'y peut rien.
Heureusement?

31/07/2008

Gaude mihi

"Si je viens souvent ici? Euh... Oui oui, ca m'arrive assez régulièrement... Mais ne pourrait-on pas... Pardon? Oh, merci, c'est gentil, mais je suis certaine de ne pas être la seule jolie femme à venir ici... Encore que je ne me considère pas comme jolie... Vous êtes sûr que... Hein? Oh! C'est trop, vous me faites rougir... Si j'habite chez mes parents? Hum, sans vous dire mon âge, j'approche de la trentaine... Mais... Pardon? C'est intime ce que vous me demandez là... Mon type d'homme? Quel est mon type d'homme? Ah ah ah, si je le savais, je ne serais pas célib... Euh, en fait, en ce moment je suis plutôt avec quelqu'un... Quoi plutôt? J'ai dit plutôt moi? Effectivement, ca ne voulait pas dire grand chose... Mais l'essentiel, c'est que je suis avec un homme. Son nom? Euh... Martin... Non, Kevin, Kevin, il s'appelle Kevin. Il est directeur financier chez euh... Lombard & Hentsch. Odier? Quoi Odier? Il s'appelle Kevin, il est euh... quaterback au... au rugby. Vous pouvez pas le manquer, un grand blond baraque, très bronzé... Si je vis avec? Evidement, on partage un petit trois p... cinq, non huit pièces à Paris, mais là, on je l'accompagne à Genève pour son boulot. Ensuite on va à Palm Beach rejoindre ses parents. Voyez, c'est plus pratique de ne pas habiter le même pays que sa belle-mère, vous comprenez... En plus, c'est une bête au lit, alors impossible de loger sous la même toi que sa mère, il me fait tellement crier! De la folie! Il est vraiment incroyable. C'est l'homme de ma vie.
Pardon, je parle, je parle, je ne peux pas m'empêcher d'afficher mon bonheur conjugal à n'importe qui. Je suis si heureuse! J'ai envie de le crier sur les toits!
Oui oui, ca va, je vous paye, vous sembliez moins pressé tout à l'heure... Combien? Ouah, c'est pas donné, mais bon...
Voilà, le compte y est, vous pouvez... Vous pouvez me l'emballer s'il vous plaît? Merci...
Bien alors, voilà qui est fait, au revoir hein, bonne journée..."

Une fois dans la rue:

"Pfff... Qu'est-ce qui faut pas faire pour acheter un godemiché peinarde... Me réjouis de l'essayer! Je me demande quand même pourquoi le vendeur avait ce sourire narquois quand je suis partie... Sûrement qu'il me reluquait les fesses ce gros porc!"

30/07/2008

Le Dernier

"Ca va trop loin, là, lâche ça, arrête, tu vas blesser quelqu'un!
Comment ca: et alors? Prends moi pas pour un con, tu sais très bien ce que ca implique!
Pose ce truc sur la table, doucement... Mais tu vas le poser bordel!
Ca va mal finir, et ce sera ta faute! Penses-y! Toi, seul responsable! S'il le faut, je témoignerai contre toi! Ne m'oblige pas à en arriver là, s'il-te-plaît...
Allez, quoi... On se connaît depuis... Depuis... Allez, depuis bien dix ans, non?
Tu voudrais pas me mettre dans la merde, hein? Ton vieux pote Max...
Sois raisonnable, mon ami... Ne me force pas à te tirer dessus, je ne veux pas te faire du mal, encore moins te tuer, mais s'il faut en arriver là... Tu sais, j'ai des ordres, des comptes à rendre, j'ai les mains liées... Ils m'attendront au tournant si je te fais une faveur... Sans parler de ce qu'ils te feront subir... Eux, ils ne craignent pas d'utiliser véritablement la manière forte! Crois-moi, je suis un ange à côté de ces enfants de putain! Ils hésiteront pas une seconde! Tu ne représente rien pour eux, ca vaut vraiment mieux que tu fasses ce que je t'ai demandé... Pose ça, ensuite on boira un verre, peinard, comme au bon vieux temps... Tu te souviens chez Charlie? Hein? Sacré soirée, hein! Allez... Fais pas l'con...
Mais non! Tu sais très bien que je suis de ton côté, mais là, j'suis coincé tu vois... Ils me tiennent par la gorge! Par les couilles, même! Je te le jure, je veux que tout se passe bien...
Fais ce que je te dis alors! Pose-le je te dis, tu risque rien... Regarde, je pointe mon arme ailleurs...
Non, je la lâcherai pas! Pas tant que tu tiens ce truc. Arrête mec! Tu me fais flipper avec ça!
Ah, enfin un peu de raison... Voilà... C'est bien... Tu vois qu'on s'entend! Quand tu veux, hein... C'est plus facile... Met-le là, sur la table, bien en évidence... Voilà..."

Le silencieux a parfaitement assourdi le bruit du flingue, pointé sur sa tête. J'ai enjambé le cadavre pour approcher de la table, et j'ai pris le yogourt entamé.

"P'tain... Aux fraises en plus, mes préférés..."

24/07/2008

Vieux con

Eh, dis-voir, c'est normal que ca flotte devant les yeux?
Que ca coule doucement en tournant la tête?
Tout est flou, sans contours, sans limites,
Il n'y a plus de fin, rien ne s'arrête,

Les objets s'illimitent et se confondent
Dans la grande masse des corps
Qui ne font plus qu'un,
Unifié par les vibrations massives,
La bière, l'herbe et 40 000 personnes.

Service tout compris, je n'ai même pas eu à lever le petit doigt.
J'en redemande, et retourne me coucher.

The forrest preceeds man, the desert follow him

19/07/2008

Mes frères, en vérité, je vous le dis

La fin du week-end est proche.

Repentez-vous, cherchez la lumière
du point rouge qui luit la nuit
dans les parcs, dans la rue, mais plus dans les bars.

Repentez-vous des nuisances que vous aurez occasionnées,
des esprits que vous aurez sous-estimés,
des êtres que vous aurez blessés
à coups de préjugés et d'orgueil vaniteux.

Vite, courrons à la stonemobile pour nous envoler loin,
loin de tout lieu géographique,
topographique, cartographié,
pour atteindre l'autre bout du bout du monde,
celui auquel personne ne croit,
celui que personne ne voit.

Résonnent les horloges du temps,
le grain de sable du sablier tombant du cône inversé
dans son contraire ajusté
fait un vacarme que même les morts entendent
et craignent encore, l'éternité
doit être bien longue.

La clepsydre fuit, goutte par goutte
pour mesurer l'incontrolable,
et remplir inexorablement
le fleuve Alphée
somme de tous les produits de l'Univers dans lequel
ou plutôt lesquels
nous ne nous baignons jamais deux fois.

Comme le vent qui souffle
sans fin ni commencement,
la feuille morte de l'automne vit
son dernier soubresault dans un tourbillon
invisible et impalpable, tandis que la petite fille feuille
de l'hiver passe la flamme à sa cousine du printemps
et permet la bonne marche du monde
encore pour un moment.

Et le nuage qui passe,
bêlant son indifférence aux quatre vents
de la grande rose des points cardinaux,
transmet son ignorance,
vertue suprême du complexe monde
qui ne l'a pas créé et qui subit son ombre.

La santé par les pilules,
la sécurité par le ciment,
l'aisance par l'or noir
ne me satisfont pas
et me font me détourner de mes camarades
pour me tourner vers d'autres horizons et abattre
quelques murs.

Raclette: que ton nom soit sanctifié,
que tes émanations soient encens,
que tes cornichons, oignons et chanterelles
décorent le palais vivant aux trente-deux moutons
et que ton indigestion soit la révélation
d'un monde meilleur, blanc
et récuré où la chasse
est permise sans abus,
et où l'on est seul face à ses lectures et ses entrailles,
face à soi.

En vérité, mes frères je vous le dis,
profanons leur sacré bordel
et baisons leurs catins clonées
pour une poignée de papiers
gras et inodores,
qui font rouler le monde
et lui donne un sens éphémère,
vous ne l'emporterez pas dans la tombe,
tombes sur lesquelles je crache mon dégoût.

En vérité, je vous le dis mes frères,
vous ne l'emporterez pas au paradis,
ni ailleurs.
Je suis ici, maintenant, et cela juste
me convient
et me rend plus heureux que mes semblables.

Temps pis pour eux.

14/07/2008

Non, non, non, rien n'a changé...

Non,

Je n'afficherai pas mon nombril, pas plus que ma face;

Je ne tergiverserai pas sur les broutilles inéffables qui font ma vie;

Je ferai pas/plus passer des messages personnels, sauf s'ils sont méchants;

Je n'écrirai pas que j'ai mangé une pomme hier soir (c'était hier midi);

Je ne raconterai pas mes vacances jour après jour (si encore j'avais des diapos...);

Je n'étalerai pas mon mal-être, ma désespérance, mes frustrations;

Je n'exhalterai pas le bonheur d'avoir rencontré une Princesse;

Je n'exposerai pas ma vie sexuelle trépidante;

Je ne ferai pas de pub;

Non, je ne finirai pas cet article par:

Salut les aminch'

13/07/2008

Pink Floyd

Brain Damage

(Roger Waters)

The lunatic is on the grass
The lunatic is on the grass
Remembering games and daisy chains and laughs
Got to keep the loonies on the path

The lunatic is in the hall
The lunatics are in my hall
The paper holds their folded faces to the floor
And every day the paper boy brings more
And if the dam breaks open many years too soon
And if there is no room upon the hill
And if your head explodes with dark forebodings too
I'll see you on the Dark Side Of The Moon

The lunatic is in my head
The lunatic is in my head
You raise the blade, you make the change
You re-arrange me 'til I'm sane
You lock the door
And throw away the key
There's someone in my head but it's not me.
And if the clouds bursts, thunder in your ear
You shout and no one seems to hear
And if the band you're in starts playing different tunes
I'll see you on the Dark Side Of The Moon.

12/07/2008

Welcome To The Machine (New Age)

Bienvenue ici,

Entre délire et phantasmagorie d'un système individuel composé d'eau à 70% et d'une pelote de neurones asthmatiques,

Entre chien et loup, lorsque la conscience s'éfiloche dans le brouillard de la multi-personalité sociale et planétaire au point de se perdre et de se rencontrer elle-même sans se reconnaître,

Entre vie réelle et subterfuge informatique dénué de dialectique,

Entre axiome philosophique et preuve scientifique,

Entre le Big-Bang et le Big-Bang,

Entre deux années, deux jours, deux heures, deux secondes,

Une éternité faite d'instants et de points de vue,

Une boucle temporelle composée de finitudes,

Qui n'existe nulle part

Hors de mon cerveau.