31/07/2008

Gaude mihi

"Si je viens souvent ici? Euh... Oui oui, ca m'arrive assez régulièrement... Mais ne pourrait-on pas... Pardon? Oh, merci, c'est gentil, mais je suis certaine de ne pas être la seule jolie femme à venir ici... Encore que je ne me considère pas comme jolie... Vous êtes sûr que... Hein? Oh! C'est trop, vous me faites rougir... Si j'habite chez mes parents? Hum, sans vous dire mon âge, j'approche de la trentaine... Mais... Pardon? C'est intime ce que vous me demandez là... Mon type d'homme? Quel est mon type d'homme? Ah ah ah, si je le savais, je ne serais pas célib... Euh, en fait, en ce moment je suis plutôt avec quelqu'un... Quoi plutôt? J'ai dit plutôt moi? Effectivement, ca ne voulait pas dire grand chose... Mais l'essentiel, c'est que je suis avec un homme. Son nom? Euh... Martin... Non, Kevin, Kevin, il s'appelle Kevin. Il est directeur financier chez euh... Lombard & Hentsch. Odier? Quoi Odier? Il s'appelle Kevin, il est euh... quaterback au... au rugby. Vous pouvez pas le manquer, un grand blond baraque, très bronzé... Si je vis avec? Evidement, on partage un petit trois p... cinq, non huit pièces à Paris, mais là, on je l'accompagne à Genève pour son boulot. Ensuite on va à Palm Beach rejoindre ses parents. Voyez, c'est plus pratique de ne pas habiter le même pays que sa belle-mère, vous comprenez... En plus, c'est une bête au lit, alors impossible de loger sous la même toi que sa mère, il me fait tellement crier! De la folie! Il est vraiment incroyable. C'est l'homme de ma vie.
Pardon, je parle, je parle, je ne peux pas m'empêcher d'afficher mon bonheur conjugal à n'importe qui. Je suis si heureuse! J'ai envie de le crier sur les toits!
Oui oui, ca va, je vous paye, vous sembliez moins pressé tout à l'heure... Combien? Ouah, c'est pas donné, mais bon...
Voilà, le compte y est, vous pouvez... Vous pouvez me l'emballer s'il vous plaît? Merci...
Bien alors, voilà qui est fait, au revoir hein, bonne journée..."

Une fois dans la rue:

"Pfff... Qu'est-ce qui faut pas faire pour acheter un godemiché peinarde... Me réjouis de l'essayer! Je me demande quand même pourquoi le vendeur avait ce sourire narquois quand je suis partie... Sûrement qu'il me reluquait les fesses ce gros porc!"

30/07/2008

Le Dernier

"Ca va trop loin, là, lâche ça, arrête, tu vas blesser quelqu'un!
Comment ca: et alors? Prends moi pas pour un con, tu sais très bien ce que ca implique!
Pose ce truc sur la table, doucement... Mais tu vas le poser bordel!
Ca va mal finir, et ce sera ta faute! Penses-y! Toi, seul responsable! S'il le faut, je témoignerai contre toi! Ne m'oblige pas à en arriver là, s'il-te-plaît...
Allez, quoi... On se connaît depuis... Depuis... Allez, depuis bien dix ans, non?
Tu voudrais pas me mettre dans la merde, hein? Ton vieux pote Max...
Sois raisonnable, mon ami... Ne me force pas à te tirer dessus, je ne veux pas te faire du mal, encore moins te tuer, mais s'il faut en arriver là... Tu sais, j'ai des ordres, des comptes à rendre, j'ai les mains liées... Ils m'attendront au tournant si je te fais une faveur... Sans parler de ce qu'ils te feront subir... Eux, ils ne craignent pas d'utiliser véritablement la manière forte! Crois-moi, je suis un ange à côté de ces enfants de putain! Ils hésiteront pas une seconde! Tu ne représente rien pour eux, ca vaut vraiment mieux que tu fasses ce que je t'ai demandé... Pose ça, ensuite on boira un verre, peinard, comme au bon vieux temps... Tu te souviens chez Charlie? Hein? Sacré soirée, hein! Allez... Fais pas l'con...
Mais non! Tu sais très bien que je suis de ton côté, mais là, j'suis coincé tu vois... Ils me tiennent par la gorge! Par les couilles, même! Je te le jure, je veux que tout se passe bien...
Fais ce que je te dis alors! Pose-le je te dis, tu risque rien... Regarde, je pointe mon arme ailleurs...
Non, je la lâcherai pas! Pas tant que tu tiens ce truc. Arrête mec! Tu me fais flipper avec ça!
Ah, enfin un peu de raison... Voilà... C'est bien... Tu vois qu'on s'entend! Quand tu veux, hein... C'est plus facile... Met-le là, sur la table, bien en évidence... Voilà..."

Le silencieux a parfaitement assourdi le bruit du flingue, pointé sur sa tête. J'ai enjambé le cadavre pour approcher de la table, et j'ai pris le yogourt entamé.

"P'tain... Aux fraises en plus, mes préférés..."

24/07/2008

Vieux con

Eh, dis-voir, c'est normal que ca flotte devant les yeux?
Que ca coule doucement en tournant la tête?
Tout est flou, sans contours, sans limites,
Il n'y a plus de fin, rien ne s'arrête,

Les objets s'illimitent et se confondent
Dans la grande masse des corps
Qui ne font plus qu'un,
Unifié par les vibrations massives,
La bière, l'herbe et 40 000 personnes.

Service tout compris, je n'ai même pas eu à lever le petit doigt.
J'en redemande, et retourne me coucher.

The forrest preceeds man, the desert follow him

19/07/2008

Mes frères, en vérité, je vous le dis

La fin du week-end est proche.

Repentez-vous, cherchez la lumière
du point rouge qui luit la nuit
dans les parcs, dans la rue, mais plus dans les bars.

Repentez-vous des nuisances que vous aurez occasionnées,
des esprits que vous aurez sous-estimés,
des êtres que vous aurez blessés
à coups de préjugés et d'orgueil vaniteux.

Vite, courrons à la stonemobile pour nous envoler loin,
loin de tout lieu géographique,
topographique, cartographié,
pour atteindre l'autre bout du bout du monde,
celui auquel personne ne croit,
celui que personne ne voit.

Résonnent les horloges du temps,
le grain de sable du sablier tombant du cône inversé
dans son contraire ajusté
fait un vacarme que même les morts entendent
et craignent encore, l'éternité
doit être bien longue.

La clepsydre fuit, goutte par goutte
pour mesurer l'incontrolable,
et remplir inexorablement
le fleuve Alphée
somme de tous les produits de l'Univers dans lequel
ou plutôt lesquels
nous ne nous baignons jamais deux fois.

Comme le vent qui souffle
sans fin ni commencement,
la feuille morte de l'automne vit
son dernier soubresault dans un tourbillon
invisible et impalpable, tandis que la petite fille feuille
de l'hiver passe la flamme à sa cousine du printemps
et permet la bonne marche du monde
encore pour un moment.

Et le nuage qui passe,
bêlant son indifférence aux quatre vents
de la grande rose des points cardinaux,
transmet son ignorance,
vertue suprême du complexe monde
qui ne l'a pas créé et qui subit son ombre.

La santé par les pilules,
la sécurité par le ciment,
l'aisance par l'or noir
ne me satisfont pas
et me font me détourner de mes camarades
pour me tourner vers d'autres horizons et abattre
quelques murs.

Raclette: que ton nom soit sanctifié,
que tes émanations soient encens,
que tes cornichons, oignons et chanterelles
décorent le palais vivant aux trente-deux moutons
et que ton indigestion soit la révélation
d'un monde meilleur, blanc
et récuré où la chasse
est permise sans abus,
et où l'on est seul face à ses lectures et ses entrailles,
face à soi.

En vérité, mes frères je vous le dis,
profanons leur sacré bordel
et baisons leurs catins clonées
pour une poignée de papiers
gras et inodores,
qui font rouler le monde
et lui donne un sens éphémère,
vous ne l'emporterez pas dans la tombe,
tombes sur lesquelles je crache mon dégoût.

En vérité, je vous le dis mes frères,
vous ne l'emporterez pas au paradis,
ni ailleurs.
Je suis ici, maintenant, et cela juste
me convient
et me rend plus heureux que mes semblables.

Temps pis pour eux.

14/07/2008

Non, non, non, rien n'a changé...

Non,

Je n'afficherai pas mon nombril, pas plus que ma face;

Je ne tergiverserai pas sur les broutilles inéffables qui font ma vie;

Je ferai pas/plus passer des messages personnels, sauf s'ils sont méchants;

Je n'écrirai pas que j'ai mangé une pomme hier soir (c'était hier midi);

Je ne raconterai pas mes vacances jour après jour (si encore j'avais des diapos...);

Je n'étalerai pas mon mal-être, ma désespérance, mes frustrations;

Je n'exhalterai pas le bonheur d'avoir rencontré une Princesse;

Je n'exposerai pas ma vie sexuelle trépidante;

Je ne ferai pas de pub;

Non, je ne finirai pas cet article par:

Salut les aminch'

13/07/2008

Pink Floyd

Brain Damage

(Roger Waters)

The lunatic is on the grass
The lunatic is on the grass
Remembering games and daisy chains and laughs
Got to keep the loonies on the path

The lunatic is in the hall
The lunatics are in my hall
The paper holds their folded faces to the floor
And every day the paper boy brings more
And if the dam breaks open many years too soon
And if there is no room upon the hill
And if your head explodes with dark forebodings too
I'll see you on the Dark Side Of The Moon

The lunatic is in my head
The lunatic is in my head
You raise the blade, you make the change
You re-arrange me 'til I'm sane
You lock the door
And throw away the key
There's someone in my head but it's not me.
And if the clouds bursts, thunder in your ear
You shout and no one seems to hear
And if the band you're in starts playing different tunes
I'll see you on the Dark Side Of The Moon.

12/07/2008

Welcome To The Machine (New Age)

Bienvenue ici,

Entre délire et phantasmagorie d'un système individuel composé d'eau à 70% et d'une pelote de neurones asthmatiques,

Entre chien et loup, lorsque la conscience s'éfiloche dans le brouillard de la multi-personalité sociale et planétaire au point de se perdre et de se rencontrer elle-même sans se reconnaître,

Entre vie réelle et subterfuge informatique dénué de dialectique,

Entre axiome philosophique et preuve scientifique,

Entre le Big-Bang et le Big-Bang,

Entre deux années, deux jours, deux heures, deux secondes,

Une éternité faite d'instants et de points de vue,

Une boucle temporelle composée de finitudes,

Qui n'existe nulle part

Hors de mon cerveau.